Témoignage: Lucia Fernandez
Ramon Perez: LES APPARITIONS DE GARABANDAL
Lucia Fernandez – 22 ans
dite Luciuca – secrétaire,
cousine germaine de Conchita.
Fille d’Antonia Gonzalez y Gonzalez.
Cabezon de la Sai
Avant les apparitions:
Bien sûr, je connais très bien Conchita. A chaque fois que j’allais là-haut, nous vivions ensemble. En outre, quand elle était petite, elle a demeuré ici avec nous, durant cinq mois environ.
Je l’ai toujours trouvée normale, comme les autres, et rien de spécial ne m’a jamais frappée. Pour moi, elle était comme les autres.
Premières réactions :
Oui, j’ai assisté à des extases. C’est par ma mère que j’en ai entendu parler pour la première fois.
- Ne sais-tu pas qu’il y a des apparitions ?
- Comment ça des apparitions ?
- Oui, oui, tu ne sais pas qui les voit ?
- Mais non, je ne sais pas.
- Eh bien, il s’agit de ta cousine Conchita.
- Non ? Je ne le crois pas…
Sincèrement, au début, je n’y croyais pas. Cela me paraissait impossible ; là-bas, à Garabandal, me disais-je, c’est pas croyable ; après bien sûr…
La première extase à laquelle j’assistai eut lieu dans la calleja.
Les quatre voyantes étaient en train de réciter le chapelet quand, brusquement, l’extase les a saisies. J’ai éprouvé une grande émotion. Mais il ne s’est rien passé. L’extase s’est terminée et nous sommes rentrées à la maison.Par contre, durant la nuit, j’ai éprouvé une curieuse impression : je voulais voir la Vierge et je me suis mise à pleurer… à pleurer (à l’époque j’avais le même âge qu’elles : onze ou douze ans). Alors j’ai demandé à ma mère :
—Je veux aller à la calleja.
- Comment veux-tu que nous y allions, ne vois-tu pas qu’il fait nuit noire.
II devait être à peu près une heure du matin. Mais je répétais :
- Je veux y aller, je veux y aller.
- Bon, répondit ma mère, alors appelons une autre dame pour quelle vienne avec nous.
- D’accord, mais ne le dis à personne.
Et alors nous sommes allées à la calleja et avons commencé à dire des chapelets. Nous y sommes retournées longtemps, mais pas la moindre trace de la Vierge ! Je ne l’ai pas vue. Pourtant, j’étais convaincue que j’allais la voir. Oui, oui, j’y allais, absolument certaine de la voir et Conchita savait mon immense désir de voir la Vierge.
Aussi, le jour où Elle a demandé d’amener un témoin, ma cousine m’a dit :
—Tu es la plus indiquée.
Et une nuit, vers quatre heures du matin, Mari-Cruz, Conchita et moi, nous sommes sorties pour aller aux Pins. Ma cousine nous a averties que nous devions y grimper seules, sans personne pour nous accompagner. Nous sommes arrivées à la calleja, puis nous avons continué aux Pins (il n’y avait pas encore eu d’apparition à cet endroit). J’ai alors demandé à Conchita :
- Que dois-je faire, moi ?
- Tu dois faire comme nous.
- Mais comment veux-tu que je fasse comme vous, puisque moi je ne vois rien ?
- Tu dois faire comme nous.
Or, passait par là à ce moment une dame qui montait porter le repas de son mari à un hivernal (Bâtiment construit sur les hauteurs, qui sert en hiver de grange à foin pour les bêtes et éventuellement de refuge pour les hommes.). Elle nous a vues, et mes amies sont tombées en extase, mais pas moi. Cette femme s’est mise à appeler des gens qui ont commencé à arriver. Parmi eux, il y avait la mère de Marie-Cruz et je me souviens qu’elle s’est fâchée très fort contre ceux qui étaient montés et, moi, bien entendu, je n’ai pas osé les avertir que nous devions être seules à cet endroit.
Après, ma cousine et son amie m’ont dit qu’il nous fallait y retourner un autre jour. Nous y sommes donc revenues et, avec nous, beaucoup de monde. Mes amies ont installé là quelques caisses, avec des fleurs, au pied des Pins, ce qui a fait dire à certains qu’une des voyantes allait mourir, ou je ne sais quelle histoire de ce genre. En fait, mes amies désiraient simplement fleurir cet endroit Moi j’ai demandé à ma cousine :
— Ne vois-tu pas que les gens ne me connaissent pas et bien que je n’aie pas d’extase, ils vont croire que je suis comme vous.
Tous les gens montaient là-haut prendre des photos et moi j’observais les extases. Mais il ne s’est rien passé. Elles m’ont amenée aux Pins comme témoin, mais je n’ai rien vu (Les enfants témoins voir note 13 page 4Q5. Le sujet ici était dans les conditions les plus favorables, puisqu’il voulait voir la Vierge à tout prix.). C’est sur la demande de la Vierge qu’elles avaient pris un témoin.
Nombre d’extases:
Je ne sais pas combien d’extases j’ai pu voir. C’est, qu’à cette époque, je passais des mois entiers avec Conchita. Nous vivions comme deux sœurs et nous nous entendions comme deux sœurs ; même encore maintenant, c’est vrai.
En dehors des extases :
En dehors des extases, Conchita se conduisait normalement. Par exemple, nous montions aux alpages. Nous étions très heureuses toutes les deux et nous nous disions : faisons un sacrifice pour que ta sœur soit reçue, ou bien nous courions pieds nus dans les herbes, mais enfin rien d’anormal, vous comprenez, des idées d’enfants.
Je n’ai rien vu d’extraordinaire dans le ciel.
Phénomènes stellaires :
Je n’ai rien vu d’extraordinaire dans le ciel.
La Commission :
Je ne sais pas s’ils étaient membres de la commission, mais Don Céletino Ortiz et Don Féliz (Ils n’étaient pas membres de la Commission. Don Félix Gallego, médecin généraliste, de Santander, dont l’épouse écrira plus tard un livre souvenir: Les Pins de Garabandal illumineront le monde.) m’ont appelée souvent à Roquejada pour m’interroger sur le miracle de la communion visible. Don Célestino qui est médecin me disait pour me faire peur :
- On va te faire un lavage de cerveau.
- Eh bien ! qu’on me le fasse.
Ils étaient persuadés que j’avais combiné avec Conchita toute l’affaire de la communion visible car, le jour du miracle, j’étais avec elle. Ils m’ont interrogée sur ce miracle et sur la fameuse affaire de la poudre, dont vous avez peut-être entendu parler. Il faut dire que ma cousine était très espiègle, très pince-sans-rire et, pour faire des farces, nous nous entendions à merveille. Un jour, pour rire un peu, Conchita dit à Jacinta et, à la deuxième victime, qui devait être Mari-Cruz je crois :
- Dites donc, savez-vous que ma cousine a absorbé de la poudre et qu’elle s’est élevée du sol à cette hauteur ?
- C’est vrai ? Et moi d’acquiescer : Oui, oui. Nous insistions :
- Avale aussi, et tu vas t’élever du sol et tous les gens vont croire enfin que c’est vrai, tu verras. Pour nous, bien sûr, c’était un jeu. Les enfants nous croyaient.
En fait c’était une poudre de Profiden, une pâte dentifrice qui s’était desséchée et que nous avions écrasée pour la réduire en poudre. Mais quelques personnes avaient eu vent de notre farce et cela avait fait le tour du village. Des gens commençaient à dire que les extases pouvaient s’expliquer par cette fameuse poudre et d’autres sottises de ce genre. Le docteur Ortiz m’a interrogée sur cette histoire. Mais, c’était une farce inventée par nous deux, Conchita et moi.
El Milagroucou :
Je ne me souviens plus très bien de quelle façon, mais Conchita avait annoncé qu’il y aurait le miracle de la communion visible – le miracle de la Forma.
Quand le jour est arrivé, j’étais avec elle. C’est-à-dire que nous étions quelques-uns : son frère, un oncle de Fontaneda et moi. C’était la fête du village. Nous étions tous réunis dans une salle et, à un moment donné, Conchita me demande :
— Viens avec moi dans la chambre. La chambre qu’on venait de refaire, était assez sombre, aussi Conchita me dit : regardons par la fenêtre. Nous nous y sommes mises pour regarder la fête. Par la suite, on nous a accusées d’avoir préparé l’hostie à ce moment-là. En réalité, nous n’avons pas fait autre chose que ce que je viens de dire. Un peu avant de tomber en extase, je me rappelle que ma cousine cherchait un crucifix qu’elle n’arrivait pas à trouver.
—Aïe, mais où peut-il être ? Où l’ai-je mis ? Et c’est pendant qu’elle le cherchait, dans un petit couloir, qu’elle est tombée en extase. A peine l’extase s’est-elle produite, qu’elle a trouvé le crucifix, qui était dans une pièce à côté.
N.B. Compte-tenu de l’importance de ce passage, nous transcrivons les questions que nous avons posées à Lucia.
Q — Pouvez-vous donc certifier que, ce soir-là, avant de tomber en extase, Conchita, devant vous, n’a pris aucune hostie, que vous ne l’avez pas vue mettant quelque chose dans sa poche, dans sa main ou dans sa bouche, ou cacher quelque chose sur elle ?
R— Rien, rien, rien. Elle ne portait rien, c’est une certitude. C’est une certitude, parce que nous n’avons parlé que de choses insignifiantes. Ainsi que je vous l’ai dit, nous nous sommes mises à la fenêtre pour voir la fête.
Q — Vous êtes restée avec elle tout l’après-midi ?
R—Je suis restée tout le temps avec elle. Elle m’a laissée un tout petit instant pour boire de l’eau dans la cuisine. C’est le seul moment où je me suis trouvée séparée d’elle. Elle est donc tombée en extase au moment où elle cherchait son crucifix dans le petit couloir, puis elle est descendue, je l’ai suivie jusqu’à la porte du bas, mais il y avait une telle multitude que nous nous sommes trouvées séparées. Mais jusqu’à cette porte, je l’ai accompagnée.
Q — Donc, vous n’avez pas vu le miracle de la Forma ?
R — Je n’ai pas pu le voir, non.
Divination de pensées :
Je me souviens aussi — car j’y étais — de ce qui est arrivé à Mercédès Salisachs… L’histoire de son fils [Mercédès Salisachs, femme de Lettres espagnole, perdit un de ses fils, Michel, âgé de 21 ans, dans un accident de voiture, le 31 octobre 1958. Très attachée à cet enfant, elle n’accepta pas cette mort qui la laissa complètement désemparée. A cette souffrance s’ajoutaient des doutes lancinants sur la foi. Elle arriva à Garabandal, le jeudi-saint 1962, et demanda à Marie, par l’intermédiaire des fillettes, si son fils était au ciel. Alors que Mari-Loli ignorait le prénom du jeune homme, elle donna à Mercédès la réponse suivante, de la part de la Vierge :
— Dis surtout bien à cette dame que, pendant que je parle avec toi en ce moment, Michel la voit, qu’il est dans le plus grand bonheur, qu’il est très, très heureux.
Madame Salisachs a assisté à de nombreuses extases et, depuis cela, passe une partie de l’année au village. Par respect pour l’autorité hiérarchique de Santander et compte tenu de la notoriété de son nom en Espagne, elle préfère ne faire aucune déclaration actuellement.]
Je crois que les prophéties de Conchita se réaliseront, car tout ce qu’elle a dit jusqu’ici semble se vérifier.
Hombre ! Elles ont bien simulé quelques apparitions. Je me souviens que, quand nous nous trouvions dans la salle et que mon frère arrivait, je disais à ma cousine :
— Voilà mon frère qui arrive. Fais semblant d’être en extase ! et je la tenais comme j’en avais l’habitude car, quand par hasard nous nous donnions la main, au moment où elle tombait en extase, je ne pouvais plus libérer cette main. Une fois, elle me tenait par ma blouse et je n’ai pu me libérer qu’au moment où elle a lâché ma main pour faire le signe de croix. Si elle avait quelque chose dans la main, personne ne pouvait le lui enlever.
Changement de consistance :
Il m’est arrivé souvent d’avoir un contact physique avec elle pendant ses extases. Par exemple, elle avait souvent des extases une fois couchée et, comme nous dormions dans le même lit, je la touchais inévitablement J’éprouvais la sensation de toucher quelque matière rigide ; elle n’était ni froide, ni chaude, normale plutôt je pense, mais très rigide, comme quelque chose qu’il était impossible de bouger. Je l’ai touchée très souvent, puisque nous étions toujours ensemble.
Ramon Perez: LES APPARITIONS DE GARABANDAL