Témoignage: Pepe Diez

Ramon Perez: LES APPARITIONS DE GARABANDAL

José Diez – dit Pépé –

45 ans – Maçon – Marié, 5 enfants

Les enfants avant les apparitions:

Je peux dire que je les ai vues naître. Je les ai connues vraiment toutes petites et je connais très bien leurs familles, ce qui me permet de dire qu’elles étaient semblables à toutes les gamines du village. Elles allaient à l’école, au travail avec leurs parents… jusqu’aux apparitions.

A partir de ce moment-là, elles sont devenues très différentes durant tout le déroulement des extases. Ce n’est pas qu’elles ont changé vis-à-vis des gens: elles sont restées gentilles, attentionnées, normales à tous points de vue, mais je crois qu’elles ont eu comme une grâce spéciale ou quelque chose d’autre durant le temps des apparitions.

Après les apparitions:

Aujourd’hui, en août 1971, Maria-Cruz est mariée, elle vient au village de temps à autre. Il y a un mois, elle nous a rendu visite avec son mari. Bien sûr, les jeunes femmes sont bien différentes des fillettes qu’elles étaient Mais je les vois toujours avec ce souvenir intérieur de ce qu’elles ont vu, sans oublier les nombreux doutes qu’elles ont éprouvés. Elles ont leurs hésitations, leurs complications… enfin elles ne savent que faire et, à cet âge, c’est naturel; elles semblent vouloir rester dans le monde. Elles désirent se marier comme Mari-Cruz et je ne trouverais pas mal qu’un garçon leur plaise et qu’elles se marient Cela ne me paraît pas mal du tout. Et là où il y a un peu de complication, c’est qu’elles ne savent pas trop où se diriger. Elles sont peut-être moins libres que les autres jeunes filles, car bien sûr, on sent qu’elles ont un problème.

Réaction à l’annonce des apparitions:

Aujourd’hui, j’ai envie de rire de mon attitude d’alors, car lorsqu’on m’a raconté tout cela pour la première fois, j’ai beaucoup ri, comme si c’était une blague; je pensais qu’elles avaient vu un gros oiseau, disons… une sottise… On en a parlé le premier jour et le village s’est mis quelque peu en mouvement.

  • Que se passe-t-il?
  • Rien. Ces gamines disent…
  • Oh! Ce n’est rien du tout

Je riais en écoutant cela. Le jour suivant le lundi, j’avais un petit travail à faire dans la maison d’Aniceta, la mère de Conchita. J’y suis allé, le matin, mais je n’osais pas trop parler à Aniceta ou à ses fils. Une heure environ après mon arrivée, je travaillais avec Aniceto, l’un des frères de Conchita qui est mort maintenant, quand voilà que trois des fillettes s’y sont réunies aussi, puis Mari- Cruz est arrivée un peu plus tard. Les quatre étaient donc là, en train de bavarder de ce qu’elles avaient vu. Moi, façon de plaisanter, j’essayais de leur faire peur:

  • Alors fillettes, qu’avez-vous vu?
  • Un ange.
  • Vous allez être mises en prison; on a averti la Guardia Civil et vos papas et mamans iront aussi en prison.

Et les enfants, très tranquilles, sans s’effrayer m’ont dit:

  • Eh bien, qu’on nous mette en prison ainsi que nos parents, parce que nous, nous avons vu l’ange!

Alors, le frère de Conchita s’est fâché, disant qu’il ne voulait pas qu’on parle de ces histoires-là. Je lui ai dit:

  • Ecoute, laisse… Il semble que ta sœur et les autres ne se soient pas effrayées de ce que je leur ai dit; on dirait que ça ne les touche pas… ou alors elles ne comprennent pas ce que ça signifie d’aller en prison…

Je croyais que c’était une blague. Pourtant à les voir, j’éprouvais un sentiment indéfinissable… qui me faisait penser que la chose pouvait être importante.

Trois ou quatre jours plus tard, nous étions une dizaine de gars en train de construire un pont à trois lieues de Garabandal, et Mari-Loli est venue nous apporter notre repas. Nous lui avons demandé:

  • Alors, que se passe-t-il? Qu’avez-vous vu?

Elle ne s’est pas du tout effrayée, elle a dit simplement: Nous avons vu l’ange, mais avec beaucoup de naturel. Parce que les fillettes de ce village, à cette époque-là, étaient très… naïves, peu expertes (pas comme aujourd’hui), très craintives.

Et la petite, très paisiblement, insistait:

  • Mais si, nous avons vu l’ange…

Et moi, je riais:

  • Elles ont vu… elles ont vu… bah! c’est certainement rien du tout.

Mais j’y pensais beaucoup et un soir de juin, j’ai voulu en avoir le cœur net Beaucoup de personnes, qui éprouvaient les mêmes sentiments que moi, n’osaient pas approcher et regardaient les petites de loin; moi, je voulais voir ça de très près (Pendant toute la durée des apparitions, Pépé aura cette attitude : suivre l’événement de près, ne pas perdre un détail, essayer de comprendre et d’analyser. Son témoignage lucide est précieux.), le plus près possible des fillettes.

Vision de la ln extase:

Dès le moment où je les ai vues en extase (je ne savais pas ce que c’était qu’une extase, je n’en avais jamais entendu parler), j’ai constaté une énorme différence chez les enfants… leur regard vers le ciel, un regard si concentré, c’était une chose… je ne sais pas… pour moi, très surnaturelle. C’était très différent de la normale, mais je ne peux pas expliquer ce que c’était. Aujourd’hui, bien sûr, je peux l’expliquer un peu mieux parce que j’en ai tellement vu de ces extases, mais ce jour-là c’était la première que je voyais de ma vie, quelque chose de pas naturel…

Quand je suis arrivé à la calleja, les fillettes étaient en extase depuis peu de temps, entourées de plusieurs personnes, dont notamment le curé du village, don Valentin, qui était tout pâle, incapable de prononcer un mot tellement il était saisi, et plusieurs dames du bourg; je peux nommer Serafina, Alelia… J’étais en train de vivre une minute rare… J’ai reculé… et j’ai été pénétré d’un sentiment intérieur… Je ne sais pas comment dire… et une phrase prononcée à haute voix m’a échappé:

  • Il se passe ici quelque chose d’étrange!… Je me suis retiré et j’ai regardé la fin de l’extase de loin [Cette sensation impressionnante de respect a été ressentie par la majorité des témoins, quand ils assistaient à une extase pour la première fois.].

J’ai vu ma seconde extase le jour suivant La chose s’était divulguée rapidement et il venait déjà des centaines de personnes et surtout beaucoup de prêtres. Au début, ils venaient très nombreux. J’en ai compté jusqu’à 30, 40 ou 50. Ils venaient de divers villages et accompagnaient des groupes. Et durant ces premiers jours des apparitions, j’ai bien observé les prêtres et j’étais très étonné de voir à quel point ils étaient peu d’accord. Ils discutaient passionnément, en public, dans la rue, n’importe où. Ils ne gardaient aucune réserve pour en parler!… Moi, à cause de ma foi, je ne croyais pas que des prêtres pouvaient être partagés sur ces événements, surtout si ceux-ci venaient de Dieu et de la Vierge, et s’ils étaient conformes à l’évangile.

Tests médicaux:

Là-dessus, je peux vous dire ce que j’ai vu personnellement; je n’ose pas raconter ce que l’on m’a dit Dès le premier mois, les médecins ont commencé à faire des expériences, parce qu’il faut préciser, qu’en même temps que des prêtres, sont arrivés de nombreux médecins de différentes disciplines.

Un jour, deux d’entre eux se sont mis à effectuer des tests. Les fillettes étaient en extase, agenouillées et entourées par la foule. L’un d’eux, armé d’une lampe électrique très puissante et de divers appareils, se livrait à des expériences sur leur vue et leur visage. Pour moi, je trouvais cela très bien, car il fallait bien examiner la question, n’est-ce pas? Mais pendant que ce monsieur faisait ces opérations, l’autre, qui se trouvait derrière les enfants, leur piquait les mollets avec des aiguilles et, à ce moment-là, les petites, avec un visage très souriant, parlaient à leur vision et disaient:

  • Comment?… on nous pique?… Mais, nous ne sentons rien!

Cette phrase je l’ai entendue moi-même et beaucoup de personnes pourraient vous dire la même chose, parce que les enfants ont dit ces mots d’une voix assez forte, et elles répétaient:

  • Comment?… Mais ça ne nous fait pas mal…

Et elles continuaient à parler avec leur vision et, deux minutes plus tard, elles ont dit encore:

  • Ah! on nous pique de nouveau… ?

Et, dans la foule, il y avait un monsieur qui demandait:

  • Mais qui les pique, qui fait cela?

Et, à force de surveiller, il a vu le docteur en question qui commençait la même expérience sur l’autre jambe. Alors des gens ont empoigné le médecin. Il y a eu une mêlée et ils ont voulu le frapper. Dans la mêlée, l’aiguille qu’on lui avait enlevée des mains s’est perdue.

Nombre d’extases et horaires:

Oh ! j’en ai vu beaucoup… plus de 200, c’est sûr, et je ne les ai pas toutes vues, parce qu’elles se sont déroulées sur tant de mois!… De plus, il arrivait que, dans la même journée, elles aient trois, quatre ou cinq apparitions et à des heures très variables: le matin, l’après- midi ou au milieu de la nuit Ce qui fait que certaines nuits, elles dormaient peu, mais personne ne peut dire qu’on les ait vues fatiguées. Mais, me direz-vous, elles dormaient le jour. Eh bien non. Moi, je sais que non, parce que, durant la journée, il y avait un défilé continu de gens qui venaient les interroger… sans arrêt!… Certaines apparitions duraient deux ou trois heures et certaines plus de quatre.

Pendant ce temps-là, les enfants étaient dans une position incommode. Le cou tendu en arrière, les yeux au ciel, et nous ne remarquions aucun signe de fatigue !

Rapidité des déplacements:

On ignore à quelle vitesse elles se déplaçaient Une rapidité tout à fait extraordinaire, parce que je considère qu’une gamine de 11- 12 ans ne peut pas rivaliser avec des garçons de 18-20 ans, habitués à courir et à aller à leur travail par les sentiers de montagne, surtout dans les chemins qui existent ici à Garabandal. Et bien, ils ne pouvaient pas les suivre!…

J’ai bien remarqué ceci: le pas des voyantes, à l’intérieur de leur vélocité, était un pas normal; c’était un pas normal et elles avançaient trois fois plus vite que n’importe qui. J’ai souvent essayé de les suivre, mais c’était impossible; je les rattrapais quand leur course se terminait. J’ai bien observé que le rythme de leurs jambes était celui d’une course normale, mais qu’elles avançaient avec une énorme rapidité… C’était une chose extraordinaire. J’avais dans les 35 ans à l’époque, il n’y en avait pas beaucoup dans le village qui me battaient à la course… ni encore aujourd’hui…

Marches à reculons:

Quand elles marchaient à genoux ou à reculons, c’était moins rapide, quoiqu’une personne d’âge mûr n’arrivait pas à les suivre; les jeunes, oui. Mais je ne peux expliquer ce phénomène. D’abord, il faut connaître les terrains de Garabandal, surtout en grimpant vers les Pins ou par la calleja, avec toutes les pierres qu’il y a… N’importe qui, en passant par ici, peut s’en rendre compte; et ces chemins ont toujours été dans cet état-là!… Mais les gamines franchissaient tous les obstacles avec une facilité énorme… Mieux que si elles avaient regardé où elles mettaient les pieds… Et cela à reculons!…

Elles se déplaçaient ainsi au milieu des ruelles du village et vous voyez comme les ruelles sont étroites et petites. Eh bien, elles les parcouraient toujours par le milieu, c’est-à-dire qu’elles ne butaient jamais dans l’angle d’une maison en tournant un coin de rue. Elles ne déviaient pas du centre de la ruelle pour aller se cogner contre une façade… rien de cela. Elles s’orientaient aussi facilement que moi, quand je regarde devant moi.

De nuit, ces randonnées étaient encore plus impressionnantes, car nous avons eu des nuits très difficiles où il neigeait, ce qui s’appelle neiger ; des nuits de pluie torrentielle, où l’eau ruisselait sur le visage des enfants, ces visages tendus vers le ciel, avec un sourire comme si c’étaient des anges qui tombaient !… et elles continuaient leur marche, sans aucun geste montrant que cela pouvait les gêner. C’est très difficile à comprendre, même quand on le voit.

Consistance au toucher et aspect extérieur:

Oui, je les ai souvent touchées, soit par curiosité, soit pour les protéger de la foule qui, involontairement, aurait pu les écraser, car parfois c’étaient de véritables avalanches humaines qui s’abattaient sur elles, et il m’arrivait de les prendre par le bras ou les épaules ou une autre partie du corps, et disons que je notais chaque fois une chose très extraordinaire. On aurait dit que je ne touchais pas un être humain, mais plutôt un bloc… c’est-à-dire quelque chose de rigide… je ne sais pas, c’est très difficile à expliquer. Mais en même temps, elles paraissaient embellies, mais naturelles, et c’est ce qui m’étonnait tant, qu’elles paraissent si naturelles, en marchant, en souriant, en parlant, mais pas au toucher, non, c’était très différent.

En ce qui concerne la température, rien de spécial, ni froid ni chaud et, de plus, aucun mouvement de nervosité. Non, au toucher, quand elles étaient en extase, je n’ai jamais senti la moindre nervosité, non rien, seulement qu’elles étaient très rigides. Et aussi qu’elles pesaient très lourd.

Changement de poids:

Hombre ! oui, j’ai essayé de les soulever et je dirais même que ça c’est une preuve. Parce que j’ai vu beaucoup d’hommes dans la force de leur 20, 25, 30 ans, des hommes qui pouvaient lever, disons 100 kg, ce qui est très normal pour un homme de par ici, je les soulevais moi-même. Pour atteindre ce poids de 100 kg, il aurait fallu peut-être trois des fillettes, chacune pouvait peser dans les 35 à 40 kg, et je suis sûr qu’en dehors des extases, j’aurais pu en soulever deux avec facilité. Eh bien, j’ai donc vu ces hommes doués d’une grande force physique, dont certains m’étaient très familiers, essayer de les soulever du sol et s’avouer vaincus!… et de s’étonner:

  • Comment est-ce possible?

Tenez, une fois il y avait un gars d’environ 25 ans nommé Vicentin, qui vit actuellement à Santander, mais qui à l’époque habitait un village à 20 km d’ici et qui dit:

  • Il paraît que personne n’est capable de les décoller du sol. Si on me laissait faire…

Or, le père de Jacinta se trouvait à ses côtés:

  • Tenez, Monsieur, celle-ci est ma fille, je vous autorise à la soulever.

Ce garçon se trouvait entre moi et le père de Jacinta et celle-ci, Mari-Loli et Conchita nous faisaient face, de sorte que nous formions une sorte de cercle assez allongé, Jacinta se trouvant presque au centre. Le garçon en question empoigne la fillette et se met à faire des efforts, dans tous les sens, à changer sa prise, à tirer à hue et à dia, mais il n’est jamais arrivé à la décoller du sol ! Il s’est alors tourné vers nous — il y avait beaucoup de spectateurs — et il a dit:

  • Eh bien!… je n’ai pas pu la soulever; si je vais à Santander et si je raconte ça, on ne me croira pas.

Il était tout étonné, et ça s’est passé à la porte de l’église. Dix minutes après, l’extase se terminant, le père de Jacinta dit à Vicentin:

  • Essayez maintenant.

Et le garçon répond:

  • Non, non, je ne sais pas…, cela me fait peur.
  • N’ayez aucune crainte, allez-y, essayez maintenant, et toi, Jacinta, ne t’inquiète pas, ce garçon voudrait connaître ton poids.

La fillette se tint tranquille, le gars la prit et la souleva comme s’il s’était agi d’une poupée!… et il en resta tout drôle. Il avoua:

  • Hombre! Maintenant je suis convaincu que c’est vrai, mais cela, je ne pourrai pas le dire, parce que personne ne me croira.

Cette scène s’est déroulée devant moi et devant le père de Jacinta qui pourra vous la raconter aussi.

Annonce de la communion visible:

Mais à propos de preuve, la plus importante que j’ai eue, c’est la communion visible de Conchita, lors d’une extase.

La nuit où Conchita en extase a su qu’il y aurait le miracle de l’hostie visible [Le 22 juin 1962, l’ange annonça qu’il y aurait un miracle.] , j’étais à côté d’elle ainsi qu’un Catalan et nous

écoutions tous les deux très attentivement, parce qu’elle parlait d’une voix très douce et assez haute ; mais beaucoup de personnes nous suivaient et le bruit qu’elles faisaient nous gênait Je n’entendais donc pas très bien ce qu’elle disait mais, comme elle répétait sa phrase, j’ai fini par comprendre:

  • Ah! Tu vas faire un miracle? Et je dois le dire?

Aussitôt l’extase terminée, j’ai demandé au Catalan:

  • Avez-vous compris la même chose que moi?
  • Oui, mais je ne suis pas très sûr d’avoir tout saisi.

Nous nous posions des questions; les gens interrogeaient l’enfant Elle riait elle était très contente, elle disait qu’elle avait vu la Vierge [Le 3 juillet 1962, la Vierge fixa la date du miracle au 18 juillet 1962. On ne sait si l’extase dont parle ici Pépé est celle du 22 juin ou celle du 3 juillet. Peut- être confond-il les deux.], qu’elle avait quelque chose de très important à dire, à savoir que la Vierge allait faire un miracle, que la communion serait visible, mais sans préciser ni où, ni comment. C’était en 1962. Je ne me souviens pas très bien combien de temps après cette annonce le miracle s’est produit une quinzaine de jours je crois.

«El milagroucou»:

Dans toute la région la nouvelle s’était répandue, ce qui fait qu’au jour dit est arrivée une foule énorme, entre 5 000 et 6 000 personnes, peut-être plus. C’était très difficile de s’en faire une idée. Depuis Cosio, le chemin était plein de voitures et tout le monde attendait Je dois dire que je tenais beaucoup à être au premier rang, soit parce que j’avais l’habitude d’accompagner les petites, soit parce que, ce jour-là, je sentais que c’était différent De plus, la mère de Conchita m’avait dit:

  • Essaie, s’il te plaît, d’accompagner ma fille.
  • Oh, c’est bien difficile, avec la foule qu’il y a, et je ne sais pas du tout où elle va aller et où cela va se produire.

Et elle de répondre:

  • C’est que, si tu ne veux pas l’accompagner, il y a danger qu’on la tue, qu’elle soit piétinée ou étouffée.

Alors, moi:

  • Bien, aie confiance en moi, j’y serai à partir de 7 h du matin jusqu’à ce que le miracle se produise.

Car nous ne savions ni l’heure ni le lieu et, de fait, j’ai seulement perdu trente minutes pour aller manger un morceau à la maison, après quoi je suis vite retourné attendre avec Conchita, en souffrant de la soif et un peu aussi du manque de nourriture. L’attente a été très longue et très fatigante, mais je ne voulais pas quitter Conchita. C’est finalement vers 2 h 30 du matin que la fillette est tombée en extase dans sa propre maison [Voir témoignage de Lucia Fernandez] et qu’elle est sortie ainsi dans la rue. Je voyais ma mission difficile, car les gens criaient, d’autres tombaient, d’autres leur passaient dessus: tout le monde voulait voir. Le plus étonnant, c’est qu’il ne soit rien arrivé à personne dans une telle mêlée!…

Je dois dire qu’on voulait prendre ma place et, en s’agrippant à moi, les gens m’ont dépouillé de mes vêtements et de mon ceinturon!… Mais tout cela sans mauvaise intention! Moi, je résistais de toutes mes forces mais vraiment ça devenait très difficile. J’ai commencé à avoir peur, et pas tellement pour Conchita mais pour moi. Je l’ai prise par le bras et j’ai pensé:

  • Bon, c’est sûr, j’en sortirai pas vivant..; puis: comme Dieu et la Vierge voudront ! Si on doit nous tuer, qu’on nous tue ensemble ! H y avait aussi ses frères et cousins et beaucoup de gens du village qui essayaient de l’accompagner, mais ils étaient dispersés dans la foule. C’était une guerre… mais pacifique.

Arrivée à un certain endroit, la petite est tombée à genoux, ce qui a fait que je lui ai lâché le bras. Elle a commencé à parler et je n’arrivais pas à saisir ses paroles à cause du tumulte de la foule, mais je ne la quittais pas du regard et je l’éclairais d’une puissante lampe électrique que j’avais amenée et que j’avais réussi à garder avec bien des difficultés.

Au moment où Conchita est tombée à genoux, toutes les personnes présentes ont essayé d’en faire autant, les unes par-dessus les autres, certaines à genoux par terre; d’autres se sont inclinées très profondément et tout le monde faisait montre de beaucoup d’humilité. Malgré la cohue, chacun essayait de faire attention à son voisin, ce qui n’était pas facile. C’est pour cela que je dis que les gens se sont assez bien comportés là-bas.

Mais moi, je ne quittais pas la fillette des yeux. Elle a commencé à parler, à prier, elle a souri et, tout en souriant, elle a ouvert la bouche et tiré la langue très naturellement Sa langue est sortie de sa bouche, pas rien qu’un petit peu, mais très nettement. Alors moi, en voyant cette langue absolument nue j’ai eu le sentiment d’un désastre. Dans ma naïveté, je croyais qu’à l’instant précis où Conchita allait sortir la langue, on verrait l’hostie, ou que l’hostie allait apparaître instantanément, ou que sais-je?

Or, il n’y avait rien. La langue était nette. J’étais d’autant plus déçu que j’avais observé toute la scène avec une attention aiguë et j’étais sûr de ne rien avoir laissé passer; de plus, j’étais à 50 cm à peine de son visage, de sa bouche. La vision de cette langue tendue, nette, vide m’a causé une pénible sensation d’échec, moi qui espérais tant Elle a gardé sa langue sortie, comme ça, environ une minute. Et comme j’étais là, les yeux sur cette langue désespérément nette, il s’est produit quelque chose de mystérieux: sans que j’aie détourné mon regard une seule fraction de seconde, avec une instantanéité prodigieuse, j’ai vu une hostie, une hostie nette et précise bien formée, sur la langue de Conchita. Je puis assurer qu’à partir de l’instant où l’enfant a sorti la langue, elle n’a fait aucun mouvement, ni avec sa bouche, ni avec sa langue; aucun muscle de son visage n’a bougé. Et ce que je dis, beaucoup de ceux qui entouraient Conchita pourraient le dire, car je suis sûr de ce que j’ai vu… La langue était bien sortie, sèche et propre, et tout d’un coup l’hostie était là ! Je n’ai pas vu comment elle est arrivée. Ce fut instantané. Je n’ose même pas dire qu’elle est venue en quelques secondes, elle était là… C’est ce que j’appelle le point culminant du miracle… Ça ne peut être qu’un miracle car, autrement, il aurait fallu quelques secondes, et là, on ne peut même pas parler de fraction de secondes!… Et j’étais tellement avide de voir ce qui allait se passer, que je ne quittais pas sa bouche du regard. Une fois l’hostie visible sur la langue, elle est restée ainsi environ 3 minutes, certains disent 2 minutes, 2 minutes 1/2, moi, je dis 3 minutes minimum. Elle était là, offerte à la vue, posée sur la langue comme sur un plateau et ce détail m’a frappé, parce qu’il aurait été normal de l’avaler aussitôt, comme chacun de nous le fait après avoir reçu l’hostie; mais elle n’a pas fait comme ça ; elle a attendu, l’hostie restant bien visible, pendant 3 minutes.

Au début, c’était une hostie normale, comme celle que donnent les prêtres, mais en l’espace de ces 3 minutes, cette hostie a pris du volume de façon sensible; de plus, c’était une chose vivante, une chose qu’il m’est très difficile d’expliquer; parce que j’ai vu, dans l’hostie, une chose vivante qui me rappelle les vagues de la mer, brillantes et mouvantes sous le soleil quant on les voit de loin. C’est ce que je voyais au centre de l’hostie: une chose vivante, comme brillante à l’intérieur. En outre, les dimensions ont changé, en épaisseur et en circonférence: j’ai souvent expliqué cela avec des pièces de monnaie. Cette augmentation de dimensions a été très nette. Mais, par-dessus tout, ce qui m’a frappé le plus, c’est cette sensation que quelque chose de vivant bougeait dans ce petit rond blanc.

Au bout de ces trois minutes, la fillette a avalé l’hostie avec une satisfaction énorme et il fallait voir son sourire, la façon dont elle s’est signée et dont elle parlait à sa vision… Elle s’est ensuite relevée et a suivi son apparition jusqu’au porche de l’église. Parcourant ainsi plusieurs rues du village, elle est revenue à la calleja, lieu principal des premières apparitions (tout cela a bien duré une heure); puis elle est retournée en direction de sa maison par le même chemin, et son extase s’est terminée ainsi. La fillette était très satisfaite et demandait si tout le monde était content. Bien sûr, les gens répondaient que oui, qu’ils avaient vu le miracle. Mais, peu après, il y avait déjà un changement d’opinion chez certains, à la suite de questions posées par un groupe de messieurs, dont je n’ai pu savoir qui ils étaient, m’étant trouvé dans l’obligation de retourner chez moi m’habiller, puisque la foule m’avait laissé à moitié nu. Il semblerait que ces messieurs faisaient partie d’une commission ou de quelque chose comme ça. Malheureusement, ils ne m’ont pas interrogé, car c’est avec beaucoup de plaisir que j’aurais répondu à leurs questions. D’ailleurs depuis ce miracle jusqu’à aujourd’hui, en août 1971, personne d’officiel, de l’évêché ou d’ailleurs, ne s’est préoccupé de me demander mon témoignage, bien que mon récit ait été publié maintes et maintes fois.

Une fois rhabillé, je suis revenu immédiatement parmi les gens, car je voulais être sûr de ce que j’avais vu et interroger les gens pour savoir s’ils avaient vu la même chose que moi. Mais je dois dire que la plupart étaient dans un état d’extrême émotion et de nervosité et il n’était pas facile d’obtenir des réponses claires. C’est ce qui est arrivé avec un de mes beaux-frères qui vit actuellement en Allemagne. Je le rencontre dans une ruelle et il me dit:

  • Ah! dis donc pépé, j’ai vu le miracle.
  • Hombre!… très bien Manolo, eh bien, j’aimerais savoir ce que tu as vu?
  • Alors — et je me permets de l’imiter avec un brin de taquinerie, car il est bègue et très nerveux — il me répond:
  • Pppéppé… j’ai-ai-ai vu le mi-mi-miracle!… j’ai vu un ca-ca-cali- ce… j’ai-ai-ai vu une main des-des-descendre du ciel… j’ai-ai-ai vu une lu-lu-lumière… j’ai-ai-ai…
  • Ecoute, Manolo, tu es sûr d’avoir vu tout cela?

Et, aussi spontanément, il me dit:

  • Ecoute pep-pep-pépé je ne sais pas-pas-pas ce que j’ai vu.

Certains disaient de même qu’ils avaient vu un rayon de lumière, une forme de calice, quelque chose de sombre. Moi je leur répondais:

  • Messieurs, je n’ai rien vu de semblable, si ce n’est la fillette qui est tombée à genoux, la langue sortie, nette et propre, l’apparition foudroyante de l’hostie et l’impression que celle-ci vivait et c’est tout.

A mon idée, beaucoup de gens ont vu des tas de choses dans leur tête. Le cas de mon beau-frère est typique. En l’espace de quelques secondes, il me raconte qu’il a vu des tas de choses, puisqu’il ne sait pas ce qu’il a vu ! Le pire est qu’il semble bien avoir été interrogé par la Commission de Santander, car il m’a dit qu’un groupe de messieurs lui avait posé beaucoup de questions; mais, bien entendu, je ne puis assurer qu’il s’agissait de la Commission de Santander. Ce qui est sûr, c’est que ce sont des récits de ce genre qui ont, par la suite, jeté un doute sur la réalité du miracle de la communion visible.

Les prêtres témoins de la communion visible:

Quand Conchita eut absorbé l’hostie, j’ai enfin détaché mon regard de son visage et, jetant un coup d’oeil autour de moi, j’ai vu quatre ou cinq prêtres que je connaissais et portant soutane, ainsi qu’un garde civil, qui semblaient avoir observé la scène avec beaucoup d’attention. Je ne tiens pas à donner le nom de ces prêtres, car il faut avoir un peu de respect dans ce domaine et je ne tiens pas à les gêner, car ils n’ont pas donné leur témoignage, soit par crainte, soit par obéissance aux ordres de la hiérarchie. Mais le pire c’est que, non seulement ils n’ont pas donné leur témoignage, mais que de plus, ils ont louvoyé, disant:

— C’est une chose très rare, très curieuse… mais pas très importante pour nous…

J’ai trouvé cette attitude incompréhensible car, de même que l’on va chercher un policier pour faire une enquête, ou un ouvrier qualifié pour un travail difficile, les prêtres présents étaient les plus compétents pour donner un avis sur cette affaire. S’ils considéraient que c’était faux, le moins qu’ils pouvaient faire, c’était de s’emparer de l’hostie…; car, bien sûr, après, j’ai entendu beaucoup d’opinions: que c’était faux, que c’était préparé, qu’elle avait l’hostie dans la bouche avant, que ce n’était rien etc. Mais moi, ce que j’ai vu me renforce dans mon idée que ces prêtres ont eu peur. Ils ont fait preuve de couardise!… Et si, en disant cela je les gêne, qu’ils me pardonnent, mais je dis ma vérité!… Car ce sont eux qui ont été à même de trancher ce point si important pour le monde et de prouver si c’était faux ou non. En tant que prêtres, ils pouvaient se saisir de l’hostie et la faire analyser et essayer d’en déterminer l’origine. Mais ils ont eu peur, ils ont été couards.

Autre chose encore: mes yeux ont pu me tromper, mais je crois qu’il y avait beaucoup d’autres yeux que les miens qui ont vu et, devant tant de regard attentifs, il paraît difficile que la petite nous ait fait un tour de passe-passe.

Extases simulées:

Oui, j’ai bien assisté à quelques extases simulées, mais il faut dire tout de suite qu’elles ont été rarissimes et de très courte durée. Les fillettes ont quelques excuses, car elles étaient assaillies par quantité de gens qui arrivaient fatigués de loin, fort déçus que ce soit après les extases, et qui ne cessaient de demander aux enfants de se mettre dans une attitude de prière pour voir si l’extase allait venir. C’était, de la part des petites, une espèce de complaisance envers ces gens. Mais moi qui avais vu tant d’extases réelles, je décelais très vite et très facilement les fausses extases: en effet, dans ces cas-là, elles étaient bien obligées de se déplacer dans des endroits très plats où elles pouvaient marcher facilement; alors qu’en extase réelle, elles cheminaient sur toutes sortes de terrains, sans buter sur aucun obstacle, soit en avant, soit à reculons, dans des postures très difficiles et avec une aisance et une grâce étonnantes. En outre, quand elles simulaient, elles parcouraient des trajets très courts, quelques pas dans leur maison, ou un petit bout de leur rue. De plus, ces fausses extases n’ont jamais dépassé cinq minutes, dix au grand maximum quand elles faisaient un effort — mais elles étaient tellement observées qu’il leur était difficile de prolonger ce jeu et nous nous en apercevions très vite — alors que les vraies duraient 4 ou 5 heures de suite, avec des parcours sévères comme la montée aux Pins et toujours avec cette aisance stupéfiante, sans aucune trace de fatigue. D’ailleurs elles reconnaissaient tout de suite leur simulation, car les gens le leur disaient et moi-même je leur en ai fait la remarque:

— Dites donc, les enfants, ce que vous avez fait, hier soir, ne m’a pas plu du tout Pourquoi avez-vous fait ça?

Elles se sont tout de suite senties découvertes et n’ont plus jamais recommencé.

Les nuits de terreur:

Je ne suis pas très sûr des dates, mais il me semble qu’elles se déroulèrent durant les nuits du 18 et 19 juin 1962. Lors d’une apparition antérieure à ces nuits, les enfants ont déclaré qu’elles devaient retourner à la Calleja, mais elles ignoraient pourquoi la Vierge leur avait demandé cela. Cette annonce avait intrigué tout le village, et quand elles sont sorties, nous leur avons emboîté le pas. Arrivées à un certain endroit, elles nous ont dit, de la part de la Vierge, que personne ne devait franchir cette limite, ni pères, ni mères, ni amis ; qu’elles devaient être seules, là où elles avaient eu les premières apparitions. Nous avons tous respecté cette demande et nous sommes restés à environ 150 mètres.

Il y avait beaucoup de monde, plusieurs centaines certainement, et alors, dans cette obscurité — il faisait nuit — nous avons entendu des cris… comme une personne qui demande du secours ; nous en sommes tous restés effrayés, nous demandant ce qui pouvait bien se passer. A cette distance et dans le noir, nous ne pouvions guère distinguer les formes, ni très bien comprendre ce qu’elles criaient, sinon que cela leur faisait peur, comme si quelque chose leur arrivait Nous étions tentés d’aller voir plus haut, mais personne n’osait enfreindre l’ordre qu’elles avaient donné : Que personne ne dépasse cette limite.

Au bout de quinze minutes environ, les fillettes sont descendues et se sont arrêtées à environ dix mètres de nous, les yeux fixés vers l’endroit d’où elles venaient Et quand elles se sont approchées de nous, nous avons constaté que l’une d’elles tendait les bras, comme si elle voulait tenir éloigné quelque chose qui allait s’abattre sur elle. C’était la première fois que nous la voyions faire une chose pareille. C’était étrange… comme si c’était grave. Et elles sont restées ainsi un certain temps, en extase, passant de la plainte au sourire, bavardant Puis l’extase s’est terminée. Ça, c’était le premier jour.

Nous les avons questionnées et elles nous ont simplement répondu:

  • Nous devons retourner demain à la même heure.

Le jour suivant est arrivé et ce fut plus grave. La première nuit, il n’y avait que Maria-Dolores et Jacinta, la deuxième nuit Conchita y était aussi. Elles nous ont donné les même instructions que la veille, qu’il ne fallait pas franchir telle limite, qu’elles devaient être seules… et elles ont grimpé à la calleja. Mais cette nuit-là a vraiment été une nuit effrayante!… pour toutes les personnes présentes.

Il y avait parmi nous un moine qui, dès qu’il entendait ces clameurs, se mettait à prier et les gens lui disaient:

  • Priez, Père, priez!… Compte tenu de la distance, au moins 150 mètres, les petites ne pouvaient pas entendre cette phrase et, dès que le moine priait, les cris s’atténuaient et, dès que le Père et nous-mêmes cessions de prier, les enfants recommençaient à crier, et cela a bien duré, disons, vingt à trente minutes. Quand enfin les voyantes ont commencé à prier comme la nuit précédente, et se sont retrouvées au même endroit, alors je n’ai jamais éprouvé de peur comme à ce moment-là. J’ai eu beaucoup de difficultés dans la vie, je me suis souvent trouvé dans des situations dangereuses, mais jamais, comme cette nuit-là, je ne me suis senti autant en danger. Beaucoup de ceux qui se trouvaient là pourraient vous le dire, car nous sentions la peur de chacun d’entre nous. Je sentais mes jambes trembler et se dérober sous moi et je pensais à part moi:
  • Mais… mes jambes ne me soutiennent pas, mais c’est que j’ai peur!…

J’ai jeté un coup d’œil sur mes voisins et j’ai vu qu’il en était de même pour eux; personne n’exprimait sa frayeur, mais on la sentait présente chez chacun. Pendant ce temps-là, les enfants continuaient leurs lamentations, leurs cris, cette façon de parler. Je me souviens de Loli qui disait:

  • Attends, attends, emporte d’abord les petits enfants, donne à tous le temps de se confesser!…

Et, bien sûr, nous, en entendànt cela, nous étions terrorisés. C’était une frayeur qui ne se manifestait pas par des cris, mais qu’on gardait en soi… On se sentait en danger, sans rien voir. C’est difficile à expliquer. Toutes les personnes regardaient vers le ciel, cherchant à voir cette menace, car les enfants, avec leurs bras, semblaient vouloir contenir ou repousser quelque chose qui allait venir. Aussitôt après l’extase, nous les avons questionnées. Elles nous ont dit:

  • Nous avons vu le châtiment, nous avons vu quelque chose de pire que si on nous brûlait. Ça va être quelque chose d’horrible…

Il aurait fallu faire pénitence, accomplir les messages qu’elles avaient transmis… Et moi, je crois que tous ces messages, on n’en fait guère de cas et que le monde va de mal en pis. Nous ne voulons pas écouter la vérité, enfin tout ce que la Vierge a dit, et je ne sais pas jusqu’où cela ira… Je crois fort possible que les gamines aient vu ce qui pourrait arriver.

Au jour suivant, tout le village a été se confesser au moine en question, puis a communié. Ce moine devait être là avec l’accord de Don Valentin, qui se faisait remplacer quand il pouvait

Phénomènes stellaires:

Je connais des personnes bien équilibrées, sérieuses, qui m’ont dit avoir vu des phénomènes stellaires, mais personnellement je n’ai rien remarqué.

Les objets bénits:

Hombre!… c’était quotidien. Il y a eu tellement de cas, que je peux vous parler de quelques-uns. Tenez, une chose très curieuse qui est arrivée à une femme âgée du village. C’était une de ces personnes chargées d’années et — disons — une femme de foi, une bonne personne… Un jour, elle dit à Conchita, je crois:

  • Eh, dis donc Conchita! Puisque vous donnez les chapelets à baiser à la Vierge, puis-je donner le mien?
  • Bien sûr, pourquoi pas? Donnez-le moi et, à la prochaine apparition, je le donnerai à baiser à la Vierge.

L’enfant prend le chapelet et, à l’apparition suivante, elle le tend, parmi beaucoup d’autres objets, à sa vision. Après l’extase, Conchita le rend à l’ancienne en lui disant:

  • Tenez, Madame, le chapelet a été baisé par la Vierge.

Mais cette vieille dame n’était pas très satisfaite. Elle prend son chapelet et le porte à Jacinta. Alors… et c’est le cas curieux auquel j’ai assisté, Jacinta en extase présente à la Vierge, parmi un grand nombre de chapelets, médailles, chaînettes, images, le chapelet de la dame âgée — je dois préciser que, certains jours, les fillettes étaient tellement chargées d’objets que le poids en était très élevé — et quand est arrivé le tour du chapelet en question, nous avons entendu Jacinta dire:

  • Ah! tu ne le baises pas?… C’était déjà fait? Ah! je ne le savais pas. Conchita te l’a déjà donné? Ah bon, c’est le chapelet de Madame…? (ici le nom de la dame dont je ne me souviens plus).

Je dis que c’est une chose curieuse, parce que personne ne savait, à part la dame, que le chapelet avait été présenté à la Vierge. Ce fait, qui s’est déroulé devant moi, m’a beaucoup impressionné. Je vais vous en raconter un autre qui a été très spectaculaire.

Un jour, devant moi, un monsieur a remis à Mari-Loli de vingt à vingt-cinq objets, tous mélangés ensemble et lui a dit:

  • Ecoute, nous sommes tout un groupe qui venons de très loin, et plutôt que de venir un par un te remettre notre objet, je suis chargé de te les donner tous à la fois, afin que tu les fasses baiser par la Vierge. Certaines personnes d’entre nous seraient heureuses que tu les remettes toi-même à chaque propriétaire; elles sont là en ta présence en ce moment, mais ne veulent pas se faire connaître.

La fillette a répondu:

  • Eh bien, je le demanderai à la Vierge.

Moi, en entendant cela, je suis devenu très attentif à l’extase de ce jour-là et j’ai observé la façon dont la fillette donnait à baiser chaque objet Cela fait, elle a commencé à les distribuer à leurs propriétaires qu’elle ne connaissait donc pas et nous entendions les destinataires s’exclamer, certains d’eux les examinant même avec attention:

  • Voyons si c’est bien mon chapelet., voyons si c’est bien mon alliance… Et chacun de se montrer l’objet reçu et tout était exact sans aucune erreur!… C’était pourtant difficile, car il faut préciser que ces objets se trouvaient parmi beaucoup d’autres, que Maria- Dolorès avait déjà reçus. J’oserais avancer le chiffre de 100 à 200, et tous mélangés: chaînettes, chapelets, alliances, médailles… Personne n’aurait pu démêler tout cela, mais elles, c’était merveille de les voir: elles prenaient chaque objet avec une facilité extrême et les yeux toujours levés vers leur vision, sans jamais regarder la personne vers qui elles se dirigeaient elles écartaient comme en se jouant, ici un monsieur, là une dame, ailleurs une demoiselle, arrivaient au propriétaire de l’objet et le lui passaient au cou, au doigt ou dans la main, avec une facilité extraordinaire. C’était très courant je dirais quotidien.

Les appels:

Je sortais presque tous les soirs, tant était fort mon désir de ne pas rater une extase. Pourtant, certains soirs d’hiver, où le temps était franchement très dur, très mauvais, et après une rude journée de travail, je pensais : ce soir, je vais me coucher. Mais, c’était plus fort que moi; malgré le mauvais temps et la fatigue, je sortais faire la tournée des maisons des petites. A cette époque, leur porte était toujours ouverte à tout le monde. Je leur demandais:

  • Alors, vas-tu avoir une extase cette nuit?

Selon le cas, elles me disaient oui ou non. Elles le savaient, parce qu’elles disaient qu’elles avaient des appels intérieurs. Si elles n’avaient pas eu d’appels, elles répondaient négativement avec tristesse.

Inversement, elles répondaient en souriant:

  • Oui, j’ai déjà eu un appel, ou: j’ai déjà eu deux appels, ou: j’ai eu trois appels… Et quand elles disaient qu’elles avaient le troisième, elles dansaient presque de joie. Mais dès qu’elles disaient avoir eu le troisième appel, l’extase arrivait presque aussitôt Et cela, je l’ai constaté moi-même souvent C’était très surnaturel et il me suffisait de voir leur peine ou leur sourire pour connaître la réponse.

Les lieux visités:

Souvent elles allaient (en extase) voir les personnes âgées ou malades qui ne pouvaient pas sortir. Elles leur donnaient le crucifix à baiser. Elles restaient plus ou moins longtemps avec elles et repartaient, soit par les rues, soit aux Pins, soit au cimetière. C’est très fréquemment qu’elles allaient au cimetière. Au début, elles y entraient et s’arrêtaient devant certaines tombes… presque toujours de nuit Mais pour ces promenades-là, il y avait peu de personnes à les suivre ou bien elles restaient en dehors du cimetière. Les fillettes y entraient comme chez elles. Jamais je n’ai noté le moindre signe de peur, alors qu’elles n’avaient que 12 ans environ. Je suis sûr qu’à cette époque, si j’avais voulu les envoyer en état normal au cimetière la nuit (c’est-à-dire en dehors des extases), à cette époque-là, ou même aujourd’hui, eh bien… même tirées par des chaînes, elles n’accepteraient pas de franchir le seuil. D’ailleurs, nous qui les accompagnions, n’aimions guère pénétrer dans le cimetière. Quelques-uns l’ont fait, mais ils sont peu nombreux. Elles y allaient, quel que fût le temps : sous la neige, la pluie ou par beau temps. Une fois sur place, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur, elles tombaient à genoux et priaient comme si elles demandaient quelque chose pour les défunts ou leur famille. Mais elles priaient bien… si bien!

Conclusion de Pépé:

Je crois que la Vierge a fait beaucoup de merveilles ici, mais il semble qu’il faudrait encore beaucoup plus pour que les gens croient.

Moi je suis convaincu que tout cela est une réalité: les événements qui se sont déroulés devant moi… En ce qui concerne ce que Conchita a annoncé, les prophéties que la Vierge lui aurait révélées, j’y crois et je conseillerais à toute personne ayant compris les événements de Garabandal d’y croire et d’avoir confiance. C’est un conseil très personnel que je donne, mais je le dis parce que je crois que c’est la vérité et je le donne aussi à tous ceux qui, ignorant ce qui s’est passé à Garabandal, écoutent mon récit; qu’ils sachent bien que je tiens pour sûr tout ce qui est arrivé ici.

Ramon Perez: LES APPARITIONS DE GARABANDAL

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