Témoignage: Maximina Gonzalez

Ramon Perez: LES APPARITIONS DE GARABANDAL

Maximina Gonzalez Vve

46 ans – travaille chez elle.

Tante de Conchita Deux enfants

Avant les extases:

Avant les apparitions, rien ne distinguait des autres ces petites que je connais bien. Comme les autres elles allaient à l’école, à leurs occupations.

Premières réactions:

Jusque là, je n’avais pas encore vu d’extase, aussi nous nous sommes précipitées à la calleja et nous avons vu les quatre fillettes en extase. Cela m’a beaucoup émue. A les voir ainsi aussi rigides, leur visage qu’on aurait dit changé, j’ai tout de suite cru que la Vierge était là ; j’en ai pleuré. Nous, nous ne la voyions pas, mais j’ai cru. Nous avons tout de suite compris que ces enfants, qui étaient quatre gamines normales comme les autres ici, incapables d’inventer une sottise de ce genre, surtout à cette époque-là, disaient vrai.

Visite aux maisons:

Elles y sont souvent entrées quand elles étaient en extase. Tenez une fois, une dame de Barcelone m’envoie un tas d’images pieuses et je les avais posées dans un coin de la cheminée de la cuisine et j’avais dit à Conchita :

— Conchita, j’ai des images… pour que tu les présentes à baiser à la Vierge (mais sans lui dire où elles étaient). Et ce jour-là, Conchita a eu une extase. Elle est entrée chez moi, a été directement à la cuisine, a pris les images, les a données à baiser une par une et m’a tendu le crucifix, puis est partie.

Prophétie:

Je peux vous citer aussi le cas de Pépé Luis mon fils. Il avait cinq ans à l’époque et il y avait beaucoup de monde dans ma maison car, comme toutes les familles, j’hébergeais les gens de passage, soit pour gagner quelques sous, soit pour rendre service, cela dépendait des cas. Comme j’avais cédé mes lits, j’avais couché les enfants sur une paillasse à même le sol. J’avais entouré la paillasse de chaises et j’avais recouvert le tout de draps, car j’aurais été gênée que, des gens entrant dans ma maison, voient mes petits couchés par terre.

Conchita est entrée en extase. Elle a fait le signe de croix sur tous les lits (bien entendu, elle ne pouvait pas savoir où j’avais mis les enfants) et s’est dirigée vers la porte pour repartir. Au moment où elle a commencé à descendre l’escalier (c’est un escalier très difficile), la tête rejetée en arrière, le crucifix à la main, elle s’est mise à rire comme d’un rire intérieur, en même temps qu’elle semblait parler avec quelqu’un. Elle s’est mise à remonter les marches à reculons et est arrivée jusqu’aux enfants. Elle a enlevé une chaise, s’est mise à genoux et, sans regarder les enfants (la tête toujours rejetée en arrière, le cou tendu), a découvert les pieds, elle a fait sur eux le signe de croix et a dit: Ah!… celui-ci sera prêtre? et lui a fait un autre signe de croix. Elle a continué ce qui nous a semblé être une conversation, mais nous n’avons rien entendu. Et cela a été vu et entendu par les nombreuses personnes présentes. H y avait un garçon de Bilbao qui était séminariste — il est maintenant marié, il a quitté le séminaire — qui m’a dit: Eh bien, dis-donc Maximina, ton fils va être prêtre! Et moi, j’ai été très gênée parce que tous les gens regardaient mes petits qui couchaient par terre.

Divination de pensées:

Une autre fois, Don José Ramon de la Riva que je tiens pour un bon prêtre et un homme très humble, couchait dans ma maison. Il descendait souvent chez moi, ainsi que d’autres personnes. Nous dormions tous quand, vers 2 h du matin, on frappe à la porte et on m’appelle: Lève-toi Maximina, Loli est ici. C’était Loli, accompagnée seulement de son frère. Elle portait à la main un crucifix qu’elle me tendit à baiser. Elle monte l’escalier, va à la porte de la chambre de Don José Ramon et frappe avec ses genoux; moi je dis:

  • Don José Ramon, c’est Loli.
  • Qu’elle entre.

Pour entrer dans cette pièce, il y a une marche à descendre et Loli se jette du haut de cette marche, sur laquelle elle était debout et tombe à genoux dans la chambre. N’importe qui d’autre à sa place aurait été obligé de mettre ses mains en avant, pour ne pas tomber; pas elle. A genoux donc, elle se dirige vers un cadre où je suis photographiée, le jour de notre mariage, avec mon défunt mari. Elle est restée là, contre le cadre, le temps de dire un Pater noster — sûrement pour mon mari — puis elle fait demi-tour, toujours à genoux, va à l’abbé et, sans le regarder, lui tend le crucifix à baiser (je ne sais pas si elle ne lui a pas fait le signe de la croix) puis est sortie.

Don José Ramon m’a dit ensuite qu’il avait demandé intérieurement une preuve en disant: Si c’est vraiment chose de Dieu, qu’elles viennent me donner le crucifix, ici même dans cette maison.

Identification:

Un autre jour, au début des apparitions, il y avait deux prêtres à la porte de Conchita (les quatre voyantes étaient là). La famille de celle-ci était partie travailler aux champs. Je suis passée par là en allant chercher de l’eau à la fontaine. Ces prêtres, l’un était d’Oviedo ou des Asturies, de ces coins-là; il s’appelait Don Alfonso et l’autre portait une soutane noire sur un habit blanc: nous l’appelions l’habit blanc, c’était un dominicain. Ils bavardaient avec les fillettes.

Quelques instants après, les enfants disent qu’elles ont eu deux appels (elles le disaient quand elles avaient des appels) et tout à coup il semble qu’elles aient le troisième. A ce moment-là, je crois, les parents étaient rentrés des champs et elles ont eu l’extase. Elles se mettent à courir, à courir et, ce jour-là, il y avait une multitude de gens et parmi eux beaucoup de prêtres; ce qui fait que, ne pouvant fendre la foule, elles n’ont pu atteindre le cuadro et se sont arrêtées un peu plus bas, à la sortie du village: deux d’entre elles un peu en avant, et deux autres en retrait. Elles parlaient à leur vision de ce prêtre qu’elles nommaient l’habit blanc. On entendait surtout Conchita qui disait : «Il y avait un père avec un habit blanc, il était très sérieux mais très bon». Or, ce religieux s’est trouvé placé aux pieds des enfants et lui-même a entendu l’enfant dire : «Ah ! c’est un dominicain ? Bon, je ne l’appellerai plus l’habit blanc… dominicain ? ah bon !» Alors, ce religieux qui était assis par terre, a baissé la tête, l’a posée sur ses genoux et ne l’a plus relevée et je l’ai vu pleurer. Oui il pleurait, alors que, quelques jours auparavant, il riait de tellement bon cœur de ces prétendues apparitions, au milieu d’un groupe de prêtres, qu’un Monsieur qui s’appelait, et qui s’appelle toujours car je le crois toujours vivant, Don Emilio del Valle, était intervenu et leur avait dit : «Veuillez vous taire s’il vous plaît, ce ne sont pas des choses dont on rit».

Variété de circonstances:

Je me souviens qu’un jour du mois de novembre, vers les 2 h du matin, j’étais couchée dans mon lit et j’ai entendu frapper à ma porte. Je suis sortie et j’ai trouvé Conchita en extase, accompagnée de sa mère et de son frère. C’était une assez mauvaise nuit, une nuit de tourmente, avec du tonnerre, des éclairs; il tombait de gros grêlons et pas mal de neige.

Conchita m’a fait le signe de croix, m’a donné le crucifix à baiser et je suis partie avec eux. Ce soir-là, nous étions seulement sa mère, son frère, Conchita et moi. Nous sommes montés aux Pins et il y avait bien 30 cm de neige. Conchita s’est agenouillée sur la neige à la sortie du village, elle est montée à genoux jusqu’aux Pins, alors que de gros grêlons lui frappaient le visage. Elle avait la tête complètement rejetée en arrière, le cou tendu. Je ne me souviens plus si elle est descendue debout ou à genoux. Après, nous avons été au cimetière, puis nous sommes revenus à la maison. Et par une nuit vraiment mauvaise.. Et Conchita était aussi heureuse et naturelle que si rien ne s’était passé.

Les extases ne se produisaient pas aux mêmes dates ni aux mêmes époques, non! Et pas toujours devant les mêmes gens. Il venait toutes sortes de personnes en des quantités très variables.

Les objets bénits:

Je crois bien que la première alliance qu’elles ont donnée à baiser a été la mienne. Un jour, dans la maison de Conchita, Jacinta était en extase et, je ne sais comment l’idée m’en est venue, j’ai dit à Conchita:

— Nos anneaux sont bénits, peut-être que la Vierge les baiserait

J’ai donné mon anneau — à cette époque nous ne les appelions pas alliances, nous n’avions jamais entendu prononcer ce mot-là à Conchita; elle s’est approchée de Jacinta qui était un peu en avant de nous et lui a dit: Prends cet anneau et donne-le à la Vierge. Et nous avons pu entendre Jacinta dire à sa vision: Tiens cet anneau, baise-le. Ah! Il est à Maximina? (Parce que Jacinta, bien sûr, ne pouvait pas savoir qu’il m’appartenait). Jacinta a tendu l’anneau vers sa vision et est venue vers moi, sans me regarder, m’a pris la main et m’a mis l’alliance au doigt.

Eh bien, le même cas est arrivé à un ménage de professeurs; enfin, elle, était professeur, lui je ne sais pas. J’ai été son élève, elle s’appelle Maria Luisa Salazar, ils sont de Bilbao. Je lui avais dit que la Vierge baisait les alliances. Ce jour-là, il y avait beaucoup de monde, nous suivions les fillettes en extase par les rues du village. Moi, je marchais à côté de ce ménage, et le monsieur me dit:

  • Avançons pour lui donner mon alliance.

Et moi j’ai répondu : Quand elles sont en extase, elles ne prennent pas les objets ; il faudrait la lui fourrer dans sa poche.

Maria Luisa et son mari restent en arrière et moi je remonte la file qui est assez longue et je glisse l’alliance dans une poche du manteau de Conchita, sans qu’elle s’en rende compte. J’ai aussitôt entendu Conchita dire:

  • J’ai un anneau dans ma poche. Qui l’a mis? … Ah bon… baise- le. Elle tend la bague vers sa vision et, abandonnant sa marche en avant, remonte à reculons la colonne qui va en sens inverse, arrive au mari de Maria Luisa, lui met l’alliance au doigt. Alors ce monsieur dit:

—Ah ! mon Dieu, qu’ai-je besoin de plus pour croire !

Une autre fois, je me trouvais dans la maison de Conchita ; un homme mal vêtu est arrivé. C’était, au début, quand les prêtres enlevaient leur soutane pour venir. Conchita tombe en extase, l’homme sort une croix d’une poche intérieure et dit à Aniceta, la mère de Conchita :

  • Nous allons donner cette croix à Conchita, pour voir si elle la présente à la Vierge.
  • C’est qu’en extase, elle ne prend pas les objets.

Alors Aniceta arrive à glisser la croix entre les doigts de Conchita qui avait les mains jointes et nous avons tous entendu Conchita dire: J’ai une croix entre les mains? Non… je ne la vois pas… Non je ne l’ai pas et, en ouvrant ses mains, pour montrer à la vision qu’elle n’avait rien, la croix est tombée sur le sol. Ah ! elle est tombée? Aussitôt elle se baisse, la ramasse et elle parle, parle… à sa vision puis elle lui présente la croix à baiser et on la voit sourire. Elle se lève, va à l’homme, lui fait le signe de croix, lui enlève ses lunettes, lui met la croix au cou, la lui porte aux lèvres et, ce faisant, nous avons remarqué qu’elle était à l’envers ; elle l’enlève, la lui remet à l’endroit, la lui fait baiser de nouveau, lui remet en place ses lunettes et laisse là le monsieur.

Et elle continue d’être en extase: à genoux, ou sur ses pieds, et tombant si brutalement à genoux sur le carrelage que le bruit nous faisait craindre le pire pour ses os.

Une fois l’extase finie, elle va vers le monsieur et lui dit:

  • Pourquoi ne mets-tu pas ta soutane?
  • Comment ça?
  • Oui, la Vierge m’a dit que tu étais dominicain.

C’était exact.

  • Et comment me préfères-tu, avec ou sans soutane?
  • Avec soutane.
  • Eh bien, attends un instant, j’ai laissé mes affaires sous ma tente de camping.

Car, au début, on interdisait aux religieux d’approcher des enfants, quand ils étaient en soutane (après, est venue une autre époque où on les laissait venir en soutane). Ce religieux est d’un couvent de Montesclaros, près de Santander. Je ne sais plus si c’était un dominicain ou un augustin.

Changement de consistance:

Une fois à l’église, les quatre enfants sont tombées en extase et elles marchaient en avant, puis à reculons, en avant, à reculons; elles tombaient et jamais ne se faisaient mal et, tout à coup, Conchita a buté contre moi et sa poitrine paraissait être de marbre… un marbre!… tellement elle était dure, rigide et plutôt froide.

Force anormale:

Une autre fois, je vois Conchita partir pour les Pins. Elle me dit:

— Tante, veux-tu venir avec moi aux Pins? L’ange va me donner la communion. Je l’ai donc accompagnée jusqu’aux Pins et, à peine arrivée, elle est entrée en extase et elle a mis ses mains jointes ainsi… parce que, pour recevoir la communion elle se mettait très ramassée, et moi je me trouvais presque à la toucher et je désirais lui saisir le bras ou les mains, mais je n’osais pas; et enfin, je me décide et je lui prends les mains, mais… j’ai éprouvé une telle sensation de respect., une sensation curieuse. Enfin je lui prends donc les mains et j’essaie de les lui faire bouger; cela m’avait beaucoup coûté de vaincre cette sensation de respect mais, puisque c’était fait je voulais en avoir le cœur net; je lui prends donc les mains solidement; or il m’a été impossible, malgré tous mes efforts, de les lui faire bouger, ni dans un sens, ni dans l’autre. Il y avait comme quelque chose de bizarre. En extase, ses mains étaient totalement rigides.

Déplacements:

Elles faisaient parfois des parcours à des vitesses incroyables… Et, le plus souvent, Conchita courait avec la tête complètement rejetée sur les épaules et le cou tendu et c’est pas facile de courir ainsi, n’est-ce pas? J’ai fait plusieurs fois l’essai à cette époque, la nuit, quand j’allais au chapelet, dans des endroits où on ne pouvait pas me voir, eh bien! je vous assure, la chose n’est pas facile, on manque vite d’air!…

Vue à distance:

J’ai assisté plusieurs fois à l’expérience qui consistait à séparer les voyantes avant l’extase, notamment quand le châtiment a été annoncé. Conchita souffrait d’une jambe et le docteur lui avait prescrit quelques jours de repos à la maison; et comme elle ne voulait pas rester enfermée, la Vierge lui a dit qu’il fallait obéir aux parents. Elle est donc restée quelques jours chez elle et, l’avant- veille de la fête du Corps du Christ, Loli et Jacinta ont eu une extase ensemble aux pommiers, au cuadro, ou un peu plus bas (je ne me souviens plus si Maria-Cruz était là). Au même moment, moi, j’étais dans la maison de Conchita, j’assistais à l’extase de Conchita Celle-ci a pris un bloc-notes et un stylobille. D’une main, elle tenait le bloc dans le vide (comme s’il était appuyé sur une surface rigide) et de l’autre, elle a écrit une ou deux lettres; je ne sais pas à qui elles étaient destinées, et je lui ai entendu dire:

  • Ah !… c’est pour ça que Loli et Jacinta pleurent en ce moment? Oh! que c’est triste, je ne vais pas écrire cela…

Moi, j’ignorais que ces deux enfants étaient en extase là-haut et qu’elles pleuraient beaucoup. Mais Conchita, dans sa maison, voyait ce que faisaient les autres plus haut Alors sont arrivés ceux qui étaient en train de regarder les extases des autres fillettes. Ils étaient nombreux et nous dirent:

  • Si vous entendiez les cris que poussent Loli et Jacinta !…

Nous avons répondu:

  • Nous le savons, car Conchita nous décrit la scène ici…

Et effectivement Conchita en extase disait tout ce qui se passait là-haut.

Deuxième nuit de terreur:

Le lendemain, veille de la Fête-Dieu, Conchita est partie au cuadro, comme enportée par le vent et les enfants se sont rejointes au même instant Pourtant Conchita souffrait de la jambe mais, ce jour-là, elle est sortie très vite, comme si elle n’avait rien.

En arrivant au cuadro, elles se sont mises à pousser des cris!… mais des cris!… C’était épouvantable! Elles étaient toutes les quatre [Erreur de Maximina, Maria-Cruz n’y était pas.] seules, en haut dans la nuit, et nous, nous les entendions d’un peu plus bas, mais assez près tout de même, et nous nous sommes approchées; il y avait là Julia la mère de Loli et Aniceta la mère de Conchita, moi j’étais très près de Conchita. Il y avait beaucoup de monde, et elles criaient:

— Ah ! que cela ne vienne pas, que cela n’arrive pas! Que tout le monde se confesse d’abord!… Pardonnez-nous, pardonnez-nous!… Que cela n’arrive pas!…

Et il se trouvait là un père franciscain, qui est mort depuis, et qui logeait chez moi et, à chaque fois que les fillettes criaient, il disait:

  • Dix Ave Maria à la Vierge du Mont Carmel!… Et dès que l’on priait, les cris s’atténuaient; dès qu’on s’arrêtait, les cris recommençaient de plus belle.

Moi j’étais persuadée, ce jour-là, que le del allait se joindre à la terre. Pour moi, c’était le dernier jour. J’ai été sur le point de me confesser publiquement, parce que j’avais l’impresssion que c’était la fin du monde. Je pensais à mon vieux père, au sujet duquel je me faisais des reproches et, dès l’extase terminée, je suis venue en courant voir mon père qui était couché et je lui ai dit:

  • Père, pardonnez-moi, car c’est la fin du monde.

Puis nous sommes retournées au cuadro, et nous y sommes restées toute la nuit avec la plus grande partie des habitants du village. Et, le jour suivant, jour de la Fête-Dieu, le village a fait une de ces communions!… Tout le village! A part peut-être une ou deux personnes; mais une de ces communions!… Comme on n’en a jamais vu ici, tellement elles se déroulaient dans l’ordre, avec une dévotion merveilleuse et des processions magnifiques.

Oui, j’ai eu l’impression d’un danger, que le monde allait finir, quoique je ne voyais rien et je pensais que les fillettes étaient en train de voir le châtiment J’ai vraiment cru que le ciel allait s’écraser sur la terre.

La Commission de Santander:

Je n’ai jamais été interrogée par la Commission, jamais, même pas quand ils ont emmené Conchita à Santander. Je suis allée, avec sa mère, la chercher, pour la ramener ici.

Conchita à Santander:

A cette occasion, quand nous sommes allées chez Don Luis, curé de la Consolation de Santander, où se trouvait Conchita, celui-ci nous a beaucoup disputées,… beaucoup, parce que nous allions la rechercher. Oh ! là, là, il s’est beaucoup fâché. Il disait que les apparitions n’étaient pas vraies, que la fillette était mieux chez lui. Puis nous sommes allées à la maison du docteur Final; le docteur Ta un peu menacée. Il lui disait:

  • Ecoute, Conchita, si tu ne renies pas tout ça, on va te prendre pour une folle et on t’enfermera dans un asile. Quant à tes parents et à ta famille, on les mettra en prison… Et le docteur Pinal qui répétait ça…

Au contraire, si tu te rétractes, tu seras considérée comme une demoiselle bien, nous pourrons même te faire admettre dans un collège…

Et des tas de choses de ce genre. Tant et si bien qu’à la fin, Conchita, soit qu’elle ait pris peur, soit pour une autre raison, a dit:

  • Bon, mes visions ne sont peut-être pas vraies, mais celles des autres, peut-être que oui.

Et alors le curé a dit:

  • Très bien, Conchita, très bien… très bien.

Et le docteur Final:

  • Bon, tu veux bien signer cette déclaration, Conchita, tu veux bien la signer? Et alors, il lui a donné un papier — et, en vérité, je ne sais pas bien m’expliquer à propos de ce papier —.Je crois qu’il lui a donné à signer un papier en blanc, mais je ne suis pas sûre. Pour moi, ce papier était blanc. Et le docteur disait:
  • Mets ton nom et prénom.
  • Oui.

Et elle inscrivit: Conchita Gonzalez. Maintenant, si on me certifie que ce papier n’était pas blanc, je veux bien le croire, mais je pense qu’il était blanc. Conchita a seulement écrit ces deux mots: Conchita Gonzalez, sa signature, rien de plus. Oui cela s’est passé devant moi [Conchita était âgée de 12 ans].

Après, nous sommes allées à l’évêché et nous y avons trouvé le Père Odriozola, qui nous a fait entrer. Je ne me souviens pas de tout J’aurais du mal à reconnaître 1a salle où nous étions… mais je crois que l’évêque était Don Dorotéo Fernandez. Celui-ci est arrivé et, quoique Conchita ne l’ait jamais vu, elle a dit:

  • C’est lui Monseigneur l’Evêque!

Et Monseigneur l’Evêque, très aimable, lui dit:

  • Bien, bien Conchita, qu’est-ce que tu préfères: rester ici comme une demoiselle dans un collège ou bien aller à ton village garder les moutons?
  • Rester ici comme une demoiselle, répondit-elle.

Alors il a été convenu que Conchita reviendrait à Santander, qu’on l’inscrirait dans un collège… Après, je ne me souviens plus de tout ce qui fut dit et fait.

En arrivant à Cosio, nous avons trouvé beaucoup de gens qui attendaient, parce qu’ils savaient que nous devions ramener Conchita et, à cette époque, ils croyaient assez à la réalité des apparitions. Mais Aniceta, elle, revenait convaicue que tout cela était faux, absolument faux. Nous sommes sorties de cet interrogatoire, persuadées que tout cela n’était qu’une erreur — non pas que les petites aient menti — qu’il y avait bien quelque chose, mais que cela ne venait pas de Dieu. Jamais nous n’avons pensé que les extases, elles, étaient fausses.

En montant de Cosio, la foule devenait énorme et accompagnait Conchita. Je me souviens qu’à un certain endroit, Aniceta dit aux gens:

Où allez-vous? Croyez-vous que c’est la foire, à San Sebastian? Et les fillettes [Mari-Loli et Jacinta étaient venues à la rencontre de Conchita sur le sentier.]  baissaient la tête, les pauvres. Aucune ne prononça une parole et elles continuaient à monter jusqu’ici avec Conchita; mais Aniceta ne voulait plus qu’on accompagne sa fille, de façon à l’arracher complètement à cette histoire. Arrivée chez elle avec Conchita, Aniceta disait qu’elle était très heureuse, qu’elle avait parlé avec Monseigneur l’Evêque, que son affaire était éclaircie, que ce n’était rien du tout.. Elles sont donc restées chez elles et moi je suis partie au chapelet.

Vue à distance :

En sortant de l’église, Loli et Jacinta tombèrent en extase et moi je les ai suivies, en divers lieux, jusqu’aux Pins. Ce fut un jour où les extases m’ont particulièrement plu, je ne sais pas pour quelle raison. Les extases terminées, je suis venue directement à la maison de Conchita où j’ai trouvé Aniceta et sa fille seules, enfermées chez elles et, à mon arrivée, la mère disputait sa fille:

  • Sale gamine, tu vois bien que ce n’est pas vrai les extases, pourquoi la Vierge ne t’a-t-elle pas appelée aujourd’hui?

Alors Conchita lui répondit:

  • Voulez-vous que je vous décrive les extases qu’elles viennent d’avoir?

Et moi, toute saisie, je lui ai dit:

  • Oui… dis-le nous, car je viens justement de les voir!…
  • Eh bien, l’extase a commencé au portail de l’église, elles sont retournées dans l’église, elles sont sorties à reculons, elles sont montées aux Pins, elles sont descendues… Et, sans la moindre erreur, elle nous a décrit l’extase, telle que je venais de la voir. Vous ne pouvez pas vous imaginer l’impression que cela m’a fait!… Tenez, rien qu’en vous le racontant, j’éprouve le même frisson, la même émotion. Je me suis exclamée:
  • C’était exactement ainsi, c’est ainsi que cela s’est déroulé!

Et sa mère:

  • Mais nous avons été seules toutes les deux ici, depuis notre retour!

Et Conchita:

  • Oui, mais la Vierge me parlait J’entendais sa voix et Elle me décrivait l’extase des autres; de plus, Elle m’a dit quelque chose qu’elles ignorent Elle m’a dit: Conchita, vous entendrez une voix et vous la suivrez et cette voix vous fera peur … et tout ça.

Alors sa mère dit:

  • Ah! mon Dieu, quelle sera cette voix? Dieu sait où elle vous entraînera!…

Et Conchita de répondre:

La Vierge ne peut pas nous emmener dans un mauvais endroit;

Annonce des négations:

Elle ajouta (je crois que ce fut ce jour-là):

  • De plus, la Vierge m’a dit qu’il arrivera un temps où nous nous contredirons les unes les autres, et nous irons jusqu’à nier avoir eu des visions.

Oui, Conchita a dit tout cela devant moi et devant sa mère; elle avait alors 12 ans; c’était en juillet 1961, je crois. A l’époque, elle n’avait aucune malice, ni mauvais sentiment.

La voix dans la nuit:

Quelques temps après, elles ont entendu cette voix et, en même temps, tout devenait obscur, noir, autour d’elles. Et je me souviens que le plus impressionnant c’était de voir Mari-Cruz, c’était horrible le spectacle qu’elle offrait!… Elle cachait sa tête dans ses bras croisés et criait:

  • Quoi? … dis-moi qui tu es, sinon je m’en vais à la maison. Dis moi qui tu es… Et elles allaient en avant, en arrière, de ci, de là… Elles avaient peur; et, nous aussi, nous avions peur. Moi, cette nuit- là, j’ai eu peur des fillettes car Mari-Cruz n’arrêtait pas de dire:
  • Mais dis-moi qui tu es… sinon je rentre chez moi!

Où aurait-elle pu aller? Elles ne pouvaient aller nulle part Je ne sais pas combien de temps cela a duré et il semble que la lumière leur soit revenue avec l’apparition de la Vierge, parce qu’elles ont dit alors:

  • Ah! grâce à Dieu… nous te voyons!

Cette voix, je n’ai jamais su ce que c’était Mais vraiment pour Mari-Cruz, cette nuit-là, c’était horrible.

Phénomène stellaires:

En réalité, oui, j’ai vu les phénomènes célestes, mais pas aussi nettement, je suppose, que le docteur Ortiz. Nous nous trouvions tout un groupe en face de la maison de Maria-Dolores, près d’un poteau électrique. Derrière moi, étaient le docteur Ortiz [Docteur Célestino Ortiz Perez — pédiatre — qui a publié une étude scientifique très poussée sur les événements de Garabandal].  et un autre monsieur qui était, je crois, ingénieur, je ne me souviens pas bien. Et à l’intérieur de la maison, Loli et Jacinta il me semble, étaient en extase. Elles ne pouvaient pas voir, bien entendu, ce que nous voyions à l’extérieur. A un moment donné, elles ont crié et, nous, un cri nous a échappé aussi… mais nous ne voyions pas la même chose… et pourtant nous avons crié ensemble… et c’était une étoile très grande et qui a laissé un sillage très grand et très clair. Le docteur Ortiz l’a vue plus nettement que moi et le raconte beaucoup mieux. Il portait un chapeau et, impressionné par ce qu’il voyait, il l’a ôté et est resté sans bouger. Alors, moi, je lui dis:

  • Vous avez vu, Don Célestino?
  • Comment ne l’aurais-je pas vue! Comment ne l’aurais-je pas vue?

Nous étions tellement saisis que le docteur ne disait pas un mot et les autres femmes, qui étaient avec nous, ont crié en même temps, et aujourd’hui, quand je parle avec elles, elles me disent qu’elles n’ont rien vu !… Pourtant, sur le coup, elles ont vu aussi bien que moi. Mais les fillettes n’ont pas pu voir avec leurs yeux de chair ; elles disaient qu’elles avaient vu et que, de cette étoile, ou de cette lumière, était sortie la Vierge, ou je ne me souviens pas très bien qui elles disaient en être sorti. …..

Ramon Perez: LES APPARITIONS DE GARABANDAL

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